Contexte

Menu

Un contexte de plus en plus favorable au développement de l'EMA

Evolution des médias et de leurs usages depuis 20 ans

Notre état des lieux synthétique et partiel de l'EMA

L'avis du Conseil Economique, Social et Environnemental (CESE)

Etat des lieux de la formation à l'EMA dans le Loir-et-Cher : cette rubrique datant de 2019 a été retirée de notre site pour éviter toutes confusions avec la situation actuelle. La formation en EMI des enseignants par le CLEMI s'est fortement développée depuis 2019 sur l'académie. En revanche, l'offre et la demande de formation en EMI et EMA des professionnels de l'éducation du temps libre reste particulièrement insuffisante.

Une formation pédagogique nécessaire

Pratiques éducatives locales : de nombreuses difficultés repérées

 

 

Un contexte de plus en plus favorable au développement de l'EMA

 

En France, depuis 20 ans et surtout depuis 2015, l'évolution du contexte social, culturel et de la sphère médiatique appelle au renforcement du sens critique et donc au développement de l'éducation aux médias en général et surtout au développement de l'éducation aux médias audiovisuels (EMA). Cependant, le caractère prioritaire de l'EMA ne semble pas suffisamment perçu et demeure confronté à de nombreux freins et obstacles. La formation est le premier levier, mais l'offre et la demande restent très insuffisantes au niveau local, comme national, en particulier pour le secteur de l'animation enfance/jeunesse.

 

Selon nous, les principaux facteurs favorisant le développement de l'EMA :

> Des évolutions technologiques majeures (web, réseaux sociaux, smarphones...), l'émergence rapide des GAFAM et plus généralement des médias numériques (donc audiovisuels), générant une révolution de notre environnement médiatique (productions, diffusions, usages...), un accroissement massif des activités de communication et une transformation importante des modes de vie (comportements sociaux, vie économique et professionnelle, vie culturelle...).

> Un accroissement du temps pouvant être consacré au divertissement, au profil notamment des divertissements audiovisuels et numériques (télé, vidéo, communication, jeux vidéos, créations personnelles ou collectives....).

> Une baisse importante du coût des équipements audiovisuels et numériques (notamment pour le montage) générant une évolution des possibilités de création et de diffusion, avec leurs avantages (une certaine forme de démocratisation relative) et leurs inconvénients (théorie du complot, fake news, propagande, haine en ligne...).

> Des besoins d’éducation aux médias estimés et exprimés, surtout de la part de l'Etat, de certaines collectivités locales, et dans une moindre mesure de la population, même si dans tous les cas, ces besoins sont trop rarement suivis d'initiatives suffisantes. Leur amplification est largement due à des préoccupations surtout préventives (lutte contre les usages déviants, la propagande et l'embrigadement idéologique, les théories du complot, les fake news, la pornographie, la défiance à l'égard du journalisme traditionnel, défense de la laïcité et de la démocratie, etc.).

> Le renforcement de l'action du CLEMI, même si ses moyens trop limités font, ces dernières années, l'objet d'une polémique. La demande de formation des enseignants s'est fortement accrue, mais l'offre reste insuffisante.  

> Depuis 2018, le Ministère des affaires culturelles et les DRAC lancent des appels à projets de formation au niveau régional et national. Mais, au niveau régional, ces appels ne semblent pas être renouvelés tous les ans (concernant la région Centre Val de Loire, pas d'appel à projet spécifique à cette thématique pour 2021).

> Un développement des licences libres, plutôt lent, mais facilitant progressivement l'utilisation légale de vidéos et de musiques à des fins pédagogiques.

> Le concept d'éducation aux médias semble beaucoup mieux saisi par les professionnels de l'éducation (enseignement scolaire, animation, éducation spécialisée...), mais la conscience de son caractère prioritaire et la connaissance de ces principaux enjeux semblent plus incertaines.

 

 

Evolution des médias et de leurs usages depuis 20 ans

 

Les médias sont devenus de plus en plus présents dans notre vie quotidienne, pour nous informer, nous divertir, nous instruire et nous cultiver. Ils influencent nos représentations, nos valeurs, nos croyances, nos comportements et nos modes de vie. Soumis aux lois du marché, ils sont en quête de rentabilité, de profit, se concurrencent et tentent alors de capter encore plus notre attention, de nous séduire, de nous fidéliser, au risque de plus ou moins dénaturer leurs missions initiales.

 

Les médias multiplient les innovations, les supports et les formats. Après la presse, le cinéma, la radio, la télévision, leur transformation et leur développement se sont accentués suite à l'émergence des technologies numériques, dont plus particulièrement le web et les réseaux sociaux. Le numérique amplifie et modifie nos usages, bouleverse notre accès aux savoirs, à la culture, à l'info et au divertissement. L'audience des médias audiovisuels est devenue largement prédominante, au détriment de la presse. Elle confère aux images une place centrale et de plus en plus forte.

 

L'évolution des médias multiplie et rend de plus en plus importantes de nombreuses questions de société comme le droit à l’information, le droit à la liberté d’expression, la responsabilité des propos, la multiplication des fake news, la propagande, l'influence des médias de masse, l'invasion publicitaire, le développement de l’esprit critique, l'exposition des mineurs à la pornographie, etc. Les usages médiatiques nécessitent de plus en plus un apprentissage, visant à rendre chacun capable de comprendre le fonctionnement des médias, de les utiliser de façon raisonnée et de s’en protéger.

 

 

Etat des lieux synthétique de l'EMA

 

Est-il possible d'établir un état des lieux réaliste, actualisé, précis et complet de l'EMA en France, concernant les actions destinées aux mineurs en temps scolaire et en temps libre, donc en excluant les études supérieures en audiovisuel, cinéma, communication et journalisme ?

 

Si on s'en tient à un état des lieux très concis, on peut aisément affirmer que l'éducation aux médias en général est très en retard en France et probablement partout ailleurs. Les activités éducatives et de sensibilisation ne sont pas assez nombreuses et régulières. Une des principales raisons de cet important retard est le manque de formation technique et surtout pédagogique des actrices et acteurs de l'éducation quels que soient les secteurs professionnels (Education Nationale, animation enfance/jeunesse, éducation spécialisée, personnel de bibliothèques et médiathèques). L’offre de formation pédagogique est particulièrement insuffisante et reste optionnelle.

 

Les personnes ayant suivi des études supérieures et autres formations qualifiantes dans le domaine de l'audiovisuel, le cinéma, la communication et le journalisme représentent une importante ressource pour des actions d'EMA auprès de mineurs, mais elles interviennent encore trop rarement. Par ailleurs, il nous semble indispensable qu'elles acquièrent préalablement des compétences éducatives et pédagogiques.

 

Depuis 20 ans que nous l'observons, l'éducation aux médias et plus particulièrement l'EMA ont évolué trop lentement. Beaucoup de communications, d'ambitions, de préconisations, d'encouragements, mais peu d'activités ont été réellement et équitablement entreprises sur l'ensemble du pays. On constate aussi un manque d'auto-critique des politiques publiques, avec peut-être pour conséquence de leurrer la communauté éducative et la population sur leur efficacité.

 

Pour comprendre la situation, il suffit de demander régulièrement aux enfants aux jeunes quelles sont les activités d'EMA auxquelles ils ont participé depuis leur plus jeune âge, en temps scolaire et en temps libre, en précisant bien de quoi il est question et en donnant des exemples : analyse de l'image filmée, analyse de reportages, initiation à la prise de vues, au montage, aux techniques du journalisme audiovisuel, projet de réalisation, notions sur la propagande par l'audiovisuel, etc. Nous effectuons presque systématiquement ce sondage auprès des participant(e)s de nos ateliers. Les réponses sont généralement sans appel, ce qui ne signifie pas que les enfants et les jeunes n'aient acquis aucune connaissance et compétence, mais souvent celles-ci proviendront assez peu de leur scolarité et de leurs activités encadrées en temps libre dans des accueils éducatifs. Nous émettons l'hypothèse que leurs connaissances et compétences résulteront probablement surtout d'expériences, d'initiatives et de recherches d'informations individuelles et autonomes (notamment sur le web), mais aussi et surtout d'échanges entre proches, camarades et au sein de la famille.

 

En temps scolaire, l'éducation aux médias n'est pas une discipline à part entière. L'Education Nationale souhaite qu'elle reste une activité transversale, c'est-à-dire travaillée dans le cadre de différentes disciplines (français, histoire-géographie, économie, éducation civique...). De ce fait, selon nous, l'éducation aux médias a toujours été et demeure une activité éducative floue, diluée, diffuse, mal équipée et son impact très difficile à évaluer. Dans un contexte de classes et de programmes souvent surchargés, l'Education Nationale attend sans doute trop des enseignants, notamment des professeurs documentalistes, principaux référents en Education aux Médias et à l'Information (EMI), sans leur en donner réellement le temps et les moyens. Pour le temps libre encadré (accueils éducatifs), nous observons le même manque de formation et de moyens. Les enjeux et leur importance sont rarement bien compris et concrètement intégrés dans les politiques éducatives, les objectifs et les activités habituelles.

 

Voilà pour l'état des lieux général tel que nous le percevons. Pour l'instant, nous n'avons pas connaissance de l'existence d'un état des lieux complet, actualisé et précis spécifique à l'EMA. Bien entendu, le réaliser réclame un travail très important de collecte d'informations et d'études statistiques. Une telle initiative n'est pas du tout à la portée de notre association, nous n'en avons ni les compétences, ni le temps, ni les moyens.

 

L'avis du CESE réalisé en 2019, intitulé "Les défis de l’éducation aux médias et à l’information" comporte un état des lieux de l'éducation aux médias apportant déjà de nombreuses données utiles et intéressantes (voir rubrique suivante). Toutefois, il mériterait quelques améliorations et compléments importants et surtout l'EMA y est malheureusement traitée très vaguement.

 

A quoi nous serait utile un état des lieux précis et actualisé de l'EMA ?

  • durant nos formations, pouvoir transmettre des informations importantes relatives à l'EMA : les pratiques éducatives et les formations, les pédagogies les plus adaptées et ayant fait le plus leurs preuves, les projets les plus réussis, les actrices et acteurs de l'EMA, les politiques publiques et leur évaluation, les appels à projets et dispositifs de soutien de projets les plus intéressants et efficaces, etc.
  • mieux estimer les besoins de formation des professionnels de l'éducation (qu'ils soient exprimés ou non) ;
  • mieux connaître la place de l'éducation aux médias dans la hiérarchie des souhaits et besoins éducatifs exprimés par la population ;
  • pouvoir mieux positionner nos propres activités éducatives et de formation.

 

Des recommandations pédagogiques à profusion pour le temps scolaire

De nombreux documents accessibles sur le web expliquent ce qu'est l'éducation aux médias, avec des définitions et approches souvent différentes et beaucoup de suggestions d'activités et de recommandations pédagogiques. Souvent, ces documents plutôt destinés aux enseignants, mériteraient une version adaptée au temps libre, notamment sous forme de tutoriels. Ils devraient être aussi déclinés, pour des versions allant des plus complètes aux plus simplifiées et plus accessibles, que ce soit pour les enjeux éducatifs, la nature des activités, les méthodes pour les mettre en œuvre et les animer. Ces fiches et guides pédagogiques doivent encourager et motiver leurs utilisateurs. Ils doivent aussi préciser et hiérarchiser les objectifs et les activités prioritaires.

 

 

 

 

L'avis du Conseil Economique, Social et Environnemental (CESE)

https://www.lecese.fr/travaux-publies/les-defis-de-l-education-aux-medi…

 

Les 19 préconisations de cet avis montre l'ampleur abyssal du travail à réaliser pour un développement national de l'Education aux Médias et à l'Information (EMI) à la hauteur de ses enjeux. Nous partageons ses préconisations, mais 4 autres sont, selon nous, nécessaires :

  • rendre systématique la formation à l'EMI et à l'EMA dans la formation initiale des enseignants et des professionnels de l'animation enfance/ jeunesse ;
  • souligner le caractère prioritaire des activités d'EMA et les encourager (dommage que le terme "image" ne soit jamais utilisé dans ces préconisations, la place centrale des images est pourtant rappelée plusieurs fois dans la suite du document ) ;
  • encourager les investissements des établissements scolaires et d'accueil éducatif (conseils de références, prix préférentiels, subventions...) ;
  • réguler et améliorer beaucoup plus les contenus médiatiques, en particulier ceux destinés aux enfants et aux jeunes (qualité, diversité, valeurs éducatives...), réguler la publicité autour des programmes leur étant destinés, renforcer les interdictions d'accès à la pornographie par les mineurs (même si l'Etat tentera prochainement d'apporter des réponses, notamment en renforçant et faisant appliquer les lois existantes, cette dernière recommandation doit être rappelée).

 

Dans cet avis, le CESE ne distingue pas les pratiques éducatives et de formation relevant directement de l'EMA de celles plus générales de l'Education aux Médias et à l'Information (EMI). Les pratiques d'éducation à l'image et au cinéma n'y sont pas évoquées. Faut-il en déduire que le CESE considère implicitement qu'elles ne relèvent pas de l'éducation aux médias ? Au regard des transformations massives et rapides des usages médiatiques donnant très largement la préférence aux contenus audiovisuels, et donc à l'image, cette mise à l'écart est très étonnante et sans doute assez révélatrice des limites d'un classement strict des activités éducatives par genre.

 

Depuis quelques années, la thématique "information" domine largement la sphère de l'éducation aux médias et l'avis du CESE n'échappe pas à cette tendance. Pourtant le divertissement a également toute son importance. Pour les enfants, les adolescents et les jeunes adultes, l'exposition aux divertissements (fictions, sketchs de youtubeurs/beuses, jeux télé, jeux vidéo, etc.) est probablement plus importante que la consultation et le suivi de l'information, et joue tout autant sur leurs représentations, leur accès aux savoirs, leurs valeurs, leurs comportements et leur santé. Par ailleurs, leurs consommations de divertissement les exposent davantage à la publicité, autour et dans les contenus.

 

Dans son état des lieux, le CESE s'attarde plus particulièrement sur les politiques publiques mise en œuvre par différents ministères (9 pages). Il indique les initiatives et soutiens des collectivités locales et les nombreuses autres actions des secteurs associatifs et privés, mais avec beaucoup moins de précisions (seulement une page pour le secteur associatif !). Pourtant composé, entre autres, de représentants d'associations, le CESE semble avoir un peu vite traité le rôle des actions associatives pour l'éducation aux médias. Selon le CESE, pour les secteurs associatif et privé "il en résulte des interventions dont la qualité et l'ampleur peuvent être hétérogènes". ADEIFvidéo partage également ce constat et nous regrettons que soient aussi peu rendus publics les évaluations et bilans précis des actions entreprises, s'ils existent. Ces évaluations et bilans pourraient pourtant contribuer au développement de meilleures pratiques. Mais ces remarques sont également vraies pour ce que nous connaissons des actions des différents ministères. D'une part, les évaluations et bilans des politiques publiques sont rares (constat partagé par le CESE, page 61 de l'avis).  D'autre part, pour ce qui est spécifiquement de l'EMA, nous avons souvent remarqué des retards pédagogiques très importants dans les activités de l'Education Nationale  : thématique trop rarement travaillée en classe, compréhension insuffisante de l'importance des enjeux, rares connaissances pédagogiques et techniques, dépendance à des intervenants extérieurs...

 

L'EMA au sein de l'Education Nationale dépend certes du soutien du CLEMI, mais dépend sans doute tout autant, voire plus, de nombreuses associations. Les CEMEA et la Ligue de l'Enseignement sont plusieurs fois mentionnés dans cet avis, mais comment expliquer que ne le soient jamais, par exemple, Régie Mômes, Bandits mages, Sans Canal fixe, Médiapte, Fréquence école, Les Pieds dans le Paf, ADEIFvidéo, etc. ?

 

Le CESE distingue les politiques publiques de l'action associative. Cette distinction interroge, puisque ces politiques publiques reposent donc en large partie sur l'action des associations, dans le cadre de partenariats, d'appels à projets et de subventionnements. Pourtant, la liberté d'initiatives du secteur associatif lui confère un éveil, un dynamisme, une motivation et une réactivité propices à l'innovation pédagogique. Les associations œuvrant essentiellement pour l'éducation aux médias ne sont certes pas assez nombreuses, les militantes et militants de terrain semblent plutôt rares, mais l'existant doit être mieux valorisé, et peut-être mieux conseillé puisque pour cela, à la lecture des remarques du CESE, il semblerait exister des instances capables de juger de la qualité des actions entreprises. Nous aimerions tellement rencontrer ces instances ! L'existant devrait être également mieux encouragé et mieux soutenu. Cette nécessaire attention ne peut se résumer par de seuls appels à projets.

 

Aussi, le CESE oubli de préciser le rôle important des Services Départementaux à la Jeunesse, à l'Engagement et aux Sports, autrefois DDJS. Bien avant la création du dispositif « Les promeneurs du Net », dont elles sont partenaires, les DDJS ont intégré l'éducation aux médias dans leurs politiques publiques et ont donné des moyens d'action à de nombreuses associations, notamment ADEIFvidéo. Pour les mêmes raisons, il faudrait également mentionner le FONJEP, dispositif de soutien au financement des emplois associatifs, dont nous avons bénéficié de 2016 à 2022, sans lequel notre action éducative et de formation aurait été beaucoup plus réduite. Un des principaux avantages du partenariat avec la SDJES et le FONJEP est de pouvoir rencontrer régulièrement leurs référents locaux, de pouvoir échanger notamment sur des questions pédagogiques, d'être conseillé et de bénéficier de relais pour la communication de nos activités. Une attention et un soutien ne se limitant donc pas uniquement à des accords de subventions, ce qui est rare et précieux.

 

Notre association forme généreusement à l'esprit critique et vous pourrez juger que nous n'en sommes pas dépourvus. Mais une fois encore, cet avis du CESE est un document très utile et important que toutes les actrices et les acteurs de l'éducation aux médias, permanents ou occasionnels, devraient avoir lu.

 

 

 

 

 

Une formation pédagogique nécessaire

 

Selon nous, la formation à l'EMA peut s'effectuer de plus en plus de façon autodidacte, mais seulement en partie. De nombreux tutoriels, MOOC, livres et magazines le permettent, notamment pour les aspects techniques et créatifs, comme par exemple l'initiation à la prise de vues ou l'initiation au montage vidéo sur un logiciel précis, mais aussi pour comprendre l'évolution des médias, le rôle de la publicité dans leur financement, le mode de calcul des audiences, comment se fabrique un JT, etc. Les mises en pratique peuvent se faire de façon autonome. En revanche, pour se former de façon autodidacte à l'animation d'activités d'EMA créatives et ludiques auprès des enfants et des jeunes, les conseils pédagogiques (propositions d'activités, enjeux, méthodologie, moyens adaptés...) sont, à notre connaissance, beaucoup plus rares (peu de documents sur le web ou édités). Les documents existants et les plus diffusés sont surtout adaptés au temps scolaire et beaucoup moins au temps libre (animations en accueil éducatif notamment). Pourtant, une large diffusion, claire et concise, des enjeux éducatifs de l'EMA en temps libre, de suggestions d'activités et de méthodes favoriserait sans doute le développement des pratiques et surtout des plus souhaitables.  

 

Suivre une formation collective à l'EMA en présentiel auprès d'un organisme réunissant les compétences requises est probablement la meilleure façon d'acquérir rapidement les connaissances et compétences nécessaires. Les exercices pratiques collectifs permettent, par le vécu, par les réflexions, par la dynamique de groupe et les échanges, de mieux comprendre leur intérêt, leur valeur ludique et éducative, mais aussi leurs contraintes, leurs difficultés et les méthodes d'animation qu'elles réclament pour leur réussite. Expérimenter collectivement, entre professionnel(le)s de l'éducation, les activités susceptibles d'être reproduites avec les publics enfance/jeunesse que l'on encadre est une situation de formation particulièrement cohérente, motivante et riche. Pour savoir animer avec efficacité des activités d'EMA, l'expérience prévaut sur la théorie.

 

Sur la 1ère et 2ème circonscription du Loir-et-Cher, à notre connaissance, les activités proposées pour les enfants et les jeunes relevant plus ou moins de l'EMA sont rares (ateliers initiatiques, jeux éducatifs, réalisation de reportages et de JT, émission de plateau en régie directe). Les quelques activités existantes sont souvent à l'initiative des mêmes organismes ou collectivités (par exemple le service jeunesse de Blois et la MJC "Maison de Bégon"). Beaucoup d'activités reposent sur des intervenants extérieurs, dont les tarifs n'encouragent pas des interventions trop fréquentes.

 

Pour les établissements et les collectivités, la volonté d'avoir au sein de leur personnel éducatif une ou deux personnes spécialisées et autonomes en EMA n'est pas assez répandue. Les quelques occasions de participer à des formations collectives ne sont pas assez saisies par les professionnels de l'éducation. Leurs employeurs prennent trop rarement l'initiative d'organiser des formations dans leur établissement ou dans leur service. En conséquence, selon les informations dont nous disposons, les bonnes pratiques sont beaucoup trop rares et se développent trop lentement, alors que l'importance des besoins et des enjeux ne cessent de grandir. Mais ce constat mérite des vérifications, certaines activités de qualité peuvent exister, mais ne pas bénéficier de la valorisation et de la visibilité qu'elles mériteraient. La manifestation Fondus d'écrans organisée en 2018 par le service municipal jeunesse de Blois avait notamment cet objectif de repérer les bonnes pratiques existantes sur le Loir-et-Cher et de les faire connaître.

 

 

Pratiques éducatives locales : de nombreuses difficultés repérées

 

Rappelons que nous parlons toujours, d'une part, des pratiques éducatives en temps scolaires et, d'autre part, des pratiques éducatives en temps libre aux seins d'établissements socio-éducatifs. Une fois encore, nos observations ne donnent qu'une idée partielle des réalités des pratiques sur le Loir-et-Cher. Non référencées, nous n'avons pas la prétention de toutes les connaître. Les difficultés que nous avons pu le plus souvent observées, que ce soit le manque de matériel adapté ou dans le choix des activités, sont surtout pour l'essentiel imputables à une absence ou une insuffisance de formation préalable des personnels éducatifs.

 

Le manque de matériel adapté

Nous avons observé à plusieurs reprises :

  • des établissements particulièrement sous équipés ;
  • des personnels éducatifs ayant beaucoup de difficultés à convaincre leurs responsables/employeurs d'investir dans un équipement technique adapté ;
  • parfois des erreurs dans le choix du matériel. Par exemple, choisir de se contenter du logiciel Window Movie Maker pour entreprendre le montage d'un projet assez complexe engendra de ce fait plusieurs problèmes : perte de temps due au principe d'utilisation lent et peu intuitif du logiciel, une unique piste audio, un logiciel pas assez complet, une interface pas assez adaptée à un temps d'initiation et de réalisation collectif, bugs, plantages et autres problèmes techniques. Autant de contrariétés n'incitant pas finalement à entreprendre d'autres activités d'EMA. Mieux vaut choisir d'autres logiciels gratuits plus adaptés, voire même de préférence, investir quelques dizaines d'euros.

 

Le choix des activités

Nous avons observé auprès de plusieurs personnels éducatifs, notamment lors de nos formations :

> une focalisation sur les projets de réalisation de fictions, au détriment de l'information, du reportage, du documentaire ou de formes plus hybrides.

> des projets de réalisation de fiction relevant plus de l'initiation théâtrale que de l'EMA, la participation des jeunes étant centrée très essentiellement sur la mise en scène et l'interprétation de personnages et très peu sur l'organisation technique des tournages, les choix et l'exécution des prises de vues, du découpage technique, du montage, du mixage, etc.

> des projets où les encadrants font beaucoup trop à la place des enfants et des jeunes (idées, choix des prises de vues, montage), alors trop dirigés, parfois au risque de ne pas comprendre suffisamment les processus créatifs et techniques en cours.

> des projets de réalisation pour lesquels les enfants ou les jeunes ne font pas assez de montage, voire pas du tout. Or, le montage est l'une des activités les plus importantes et efficaces pour l'EMA : https://www.adeifvideo.fr/drupal-8/node/275

> plus rarement, des projets de réalisation ambitieux, mais...

  • pour lesquels leurs participant(e)s n'ont pas été suffisamment préparés : absence d'initiation préalable aux bases techniques ou initiation insuffisante ; absence d'une démarche progressive (commencer d'abord par des projets courts et simples pour ensuite s'aventurer vers des projets plus complexes, plus exigeants et plus longs) ;
  • des projets pas assez adaptés aux centres d'intérêts, aux besoins et disponibilité de ses participant(e)s ;
  • des projets risquant d'être contre-productifs, car difficiles, frustrants, stressants et rédhibitoires autant pour l'équipe d'encadrement que pour ses participant-e-s (problèmes d'organisation, problèmes techniques, résultats décevants, abandons, manque de motivation des enfants et des jeunes...).